On songe rarement à la religion en Artois. Encore moins à la place des curés dans nos villages! Mais notre beau comté est bel et bien sujet à une véritable mission épiscopale. Mon entrevue avec Otto Bismarck, avait pour premier but de m'informer sur les réhabilitations en cours, mais très vite, je fis face aux sensibles questions du culte aristotélicien en Artois.

C'est monseigneur Otto Bismarck, Vicaire Diocésain, curé de Cambrai et évêque émérite, qui est le procureur du procès de la réhabilitation des excommuniés d'Artois, et dont la sensibilité du sujet n'est pas à expliquer. Tandis que son Éminence Vincent se trouve en charge à la présidence du tribunal.

Et c'est autour d'une table que celui-ci m'explique que " L'Eglise de France avait condamné cette révolte," due fait à "des moines, avec qui elle était en trouble s'associaient au groupe des insurgés. Dès lors il y a eu une excommunication du conseil artésien de l'époque. Cependant, après un an de sanction, nous avons décidé avec l'archevêque de Cambrai de donner une occasion à ceux qui n'avaient pas fait repentance de le faire". Il est tout de même étonnant de voir un telle revirement de la situation, qui s'explique simplement selon monseigneur "parce que l'Eglise Aristotélicienne croit que la miséricorde est une vertu cardinale de la foi".

Les procès n'étant pas encore terminés, "c'est aux instances compétentes de se prononcer sur la finalité de la réintégration ou pas". Les "instances compétentes" désignent tout simplement la curie qui officialisera ou pas les décisions. Choses auxquelles, bien sur, nous vous tiendrons au courant.

Mais qui est monseigneur Otto Bismarck? Pourquoi l'avoir vu arrivé subitement en Artois? Mon enquête, à ce propos, m'apprit qu'il fut ancien évêque d'Orléans dont il a quitté le poste depuis peu pour revenir en Artois. "Si j'ai abandonné ma place confortable de prélat du domaine royal pour venir me frotter à une terre plus compliquée mais aussi plus passionnante...."

Car, en effet, la situation de l'église en terre artésienne est bien plus complexe que ce que monseigneur pensait voir! Et c'est dès son arrivée, qu'il prit conscient de la situation. "L'Artois fait face à un vrai problème de vocations qu'il va falloir régler au cas par cas. J'ai nommé le frère Carbonnel le 17 juillet à la tête d'une mission ayant pour objet d'établir un bilan précis de la situation religieuse dans le diocèse de sorte qu'on ait une idée de nos forces et faiblesses. Lorsque le rapport sera rendu et les premières conclusions rendues, nous proposerons un plan d'action concret. "

Et c'est avec la volonté de bâtir une Eglise visible, "avec des curés, des diacres présents dans la vie de tous les jours et pas seulement dans nos églises" que le religieux rythme son objectif de tous les jours. Pour voir, un jour, en Artois, "une église active et forte d'un clergé actif."

La priorité est tout aussi politique, monseigneur a pour "mission" de restaurer la confiance entre l'Eglise et le pouvoir comtal dont "je note déjà un apaisement qui se fait sentir depuis quelques temps. Nous devons tous travailler ensemble pour avancer". Il est vrai que depuis son arrivée, les relations se sont largement apaisées et ont permis à une meilleur écoute des deux cotés.

Et même si comme l'avoue Monseigneur, la situation sera longue à régler, "des solutions d'urgence seront débloquées dès le rapport Carbonnel rendu pour éviter de faire patienter trop longtemps les gens. S'il le faut, j'irai moi même assurer des permanences dans certaines villes."

C'est donc sur une note semblant de positivité que mon interview se termine. Mais il est a savoir maintenant à qui profite le plus de voir le retour de l'église en Artois, le clergé ou le haut conseil? Et d'espérer une réponse raisonnée de la part de la Curie. Surtout depuis les problèmes due à l'allégeance du comte.

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