Ce samedi 14 février 1457, Nadjine, a enquêtée pour vous, sur les mystères de l'abbaye de Tastevin et de sa vie d'ascète.
C'est une ambiance de fête qui rythmait la vie à Tastevin ce week-end . " Nous fêtons les un an de la production de notre premier fût. " s'empresse de préciser le Père abbé, Pouss31. Et en effet les rires et la bonne humeur régnaient, en ce 14 février 1457.
Mais tastevin se dénote habituellement par sa vie communautaire, où "Aucun moine ou brasseur ne peut cultiver son propre champ ou travailler dans une échoppe privée "explique le Père qui poursuit, "la vie, ici, est une affaire d'entraide quotidienne, d'études religieuses, de détente spirituelle et de relations diplomatiques ". La religion reste une affaire de choix " nous n'imposons pas à nos apprentis brasseurs d'être croyants ou baptisés, seuls les moines sont voués à réserver leur Amour au Très Haut et à aller le plus souvent possible dans notre chapelle ". Et c'est sur fond de vie ascétique, en faveur du prophète: Aristote et de Sa Sainteté le Pape Eugène V que ces religieux scandent leur vie monacale.
Cette vie quotidienne s'élabore autour de la communauté. " Chaque début de semaine, mes frères et moi élaborons un cahier des charges qui détermine notre production à la brasserie, et les différentes tâches à faire. Une journée peut donc démarrer au germoir de l'atelier, où nous veillons au grain chaque demi-heure afin de garder température et humidité adéquate". Outre cette production, des émissaires de l'abbaye entretiennent aussi de bonne relation de la Bretagne jusqu'à nos voisins germains et du nord au sud de la France. De plus ajoute le Père: "notre partenariat actif avec le Syndicat des Taverniers nous permettent d'avoir un grand réseau unis, amoureux de notre savoir faire".
L'économie de l'abbaye, et surtout les bénéfices que pourraient réserver une telle production (qui rappelons arrivent directement dans nos tavernes) ne sont, nous assure t-on, que "très superflus", et ne concerne "que la vente de bière. Cette dernière a subit de nombreux problèmes depuis le massacre, lors du blocus de l'abbaye, il y a plus de 9 mois... La production est donc très faible depuis l'été dernier : d'une centaine de fûts, nous sommes à une petite trentaine aujourd'hui."
Car en effet depuis bientôt un an, l'abbaye se relève de triste relation avec la Curie Romaine (garante des Dogmes aristotéliciens), ce qui a, bien sûr, affectée la production de nos tendres fûts de bière. "À l'époque, l'abbaye était dirigée par un membre de la curie romaine nommé par cette dernière", nous explique le Père Pouss31, "l'ancien abbé: Gg, dit Agami, a dirigé l'abbaye sans jamais réussir sa mission. Après plus d'un an et demi, nous avions eu un changement qui autorisait l'élection du supérieur de l'abbaye tous les 15 jours. Ceci a fait qu'étant peu nombreux, en janvier 1456, le 26 janvier exactement, j'ai été élu Père Abbé de Tastevin."
Il semble que malgré leurs autorisations, l'Eglise a nommée monseigneur Anguillerusee en tant que Père Abbé Perpétuel de l'abbaye. Quiproquo désastreux qui entraîna la rage des deux clans, sûr de la légitimité de chacun des ecclésiastiques. Surtout nous ajoute le Père:"lorsque Anguillerusee s'aperçut que j'avais réussi à monter une équipe forte de moines et de brasseurs dévoué au Très Haut". Forte de sa position dominante, le curie a excommunié tous les occupants de Tastevin et les offices qui s'y pratiquent. "De façon injuste elle ne reconnaît pas mes cérémonies de sacrements alors que j'ai une licence en théologie grâce à mon Séminaire à la Cathédrale de Sens". Ces derniers propos, quelques peu radicaux, dénotent encore la difficulté des relations entre Tastevin et la Curie.
Au fur et à mesure des excommunions successives, l'abbaye dut endurer un long blocus, dans lequel de nombreux frères et sœurs prirent la poudre d'escampette. Mais comme nous l'informe Pouss31: "nous avons donc redémarré en faisant un pèlerinage en octobre dernier, où nous sommes partis de l'Artois aux Flandres puis à la Champagne". Pèlerinage leur permettant de recruter quelques nouveaux et surtout de redémarrer leur production. Aujourd'hui, Tastevin s'est reconstruit autour "d'une équipe forte et motivée de moines et de brasseurs qui œuvrent dans l'ombre chaque jour à sa pérennité."
Ainsi la situation demeure toujours très tendu entre Tastevin et l'Eglise de France. Au haut conseil, le porte parole nous assure: " À ce sujet, nous travaillons depuis quelque temps sur un traité relatif au statut de l'Abbaye. Sans entrer dans les détails, le texte est très proche de la franchise de Calais. Nous essayons de ne nous mettre personne à dos, mais il est vrai que nous prenons davantage le parti de l'Abbaye de Tastevin".
Ce désordre diplomatique reste pour nous, calaisien, un sujet bien complexe où se mêle ambition personnelle de chacun et manœuvre politique, que Pouss31 appelle, lui même, " un autre genre de politique " qui " se veut Expansive et par conséquent ressemble à un Super pouvoir à la volonté mondiale" et ajoute aussitôt, "notre différence est là, nous prions pour les pèlerins, nous ne souhaitons pas piloter toutes les chapelles du monde ". Une volonté d'extension maximale voulu par la Curie, mais qui se voit toujours incapable de nommer un curée à Calais. Car en effet, malgré les nombreuses demandes des différents maires, il semble que notre pauvre ville ne soit pas dans l'intérêt des paire de France. Tous, nous nous retrouvons face à ce dilemme: s'exiler pour pratiquer les offices aristotéliciennes dans une autre ville, où les pratiquer à Tastevin en sachant qu'elle n'aurons aucune légitimité dans le royaume de France. À l'inverse chacun de nous peut se demander où est le représentant de Tastevin à Calais? Finalement, il reste bien difficile de se tourner vers quelqu'un, pour pratiquer une once de religion, dans notre belle ville...
Nadjine
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